
Samedi 25 mars
Les films qui seront présentés lors de cette journée, sont tous des films qui abordent de façon frontale la question politique d’émancipation. Mais quand on fait un film, quel juste rapport est-il possible d’avoir avec la pensée politique ? Comment réussir à être à la hauteur de ce que la politique invente, et savoir faire face à ses victoires et à ses échecs, à son travail rigoureusement laborieux ?
La réponse proposée par Sol Suffern-Quirno et Rudolf di Stefano, est de faire des films sans jamais céder sur leurs exigences formelles, mieux encore, être convaincus que c’est en développant avec précision une formalisation cinématographique, que l’on a chance de toucher au réel qui est en jeu dans les véritables processus politiques.
Loin du documentaire de création, et des films militants, leurs films explorent un rapport d’autant plus affirmé à la politique, qu’ils font valoir en leur sein une disjonction. Un mot d’ordre serait alors possible pour nommer cet enjeu, tout en prenant à rebours celui que JLG proposait, non pas faire politiquement des films, mais faire cinématographiquement des films politiques !
15h :
Week-end un film comme les autres / 2017, 2017, 9’
Entre Week-end et Un film comme les autres de Godard, il y a eu mai 68. Quelque chose est arrivé en dehors du cinéma et a produit une nouveauté radicale, celle d’une disjonction inédite entre politique et cinéma.
Rdayef / 2016 / 14’
Rdayef, ville dans le sud-ouest tunisien, qui fut le théâtre d’une insurrection permanente des gens pendant six mois. Aujourd’hui Rdayef est en péril et vit le découragement qui vient après la victoire.
Bidonvilles monde / 2019 / 30’
Film-enquête sur les gens d’un bidonville de Rabat-Salé au Maroc, mais aussi sur les enquêteurs eux-mêmes qui considèrent qu’on a raison de maintenir vivante la confiance dans le peuple.
À la ligne / 2022 / 7’
D’après À la ligne, Feuillets d’usine de Joseph Ponthus. Portrait d’un ouvrier dans les usines de France qui montre comment des ouvriers inventent des lueurs pratiques d’intelligence et d’entraide au cœur de l’aliénation.
Ouvriers poètes / 2022 / 10’
En chine aujourd’hui, des ouvriers de l’usine Foxconn qui fabriquent des produits électroniques, écrivent des poèmes pour crier et déchirer le silence d’une époque.
L’établi / 2022 / 10’
D’après le célèbre livre de Robert Linhart L’établi, démonstration est faite de comment la vie se rebiffe et résiste à la machine, comment le corps et l’esprit s’arc-boutent contre la répétition et le néant.
Suite à la projection du 26/01/23 des films-portraits, Alain Rallet se propose de rédiger une réflexion sur les rapports entre les procédés cinématographiques à l’œuvre dans ces trois films-portraits et les enjeux d’émancipation du travail productif. Nous avons pris la liberté de lui proposer de la présenter.
Sortie d’usine / 2022 / 21’
Un film qui reprend cette figure originelle du cinéma, la Sortie d’usine, mais qui cette fois se tient délibérément du côté des travailleurs qui disent comment ils résistent à l’aliénation grâce d’infimes gestes d’émancipation.
18 h Annoncer par un film la prochaine séance :
Ronde de nuit / 2019 / 20’
Reprendre quelques points de l’émancipation humaine en questionnant cinématographiquement « la marche ». Une marche ou chaque pas gagné est une question posée : Que devons-nous comprendre ? Que devons-nous faire ? Que nous est-il permis d’espérer ?
Entre 18h et 20h : Pause repas de la “cantine populaire” : Repas au Bar.
20h : La Tempête, 50 ‘
Comment se rapporter par l’intermédiaire d’un film à un événement historique tel que la révolution russe d’Octobre 1917, mais aussi aux événements qui l’ont suivi, quand la révolution s’est usée dans la guerre civile ? Tenter de voir ce qui depuis ces événements historiques est pensable pour notre époque actuelle, comment ils ont la capacité de nous orienter dans les temps inconnus qui s’ouvrent à nous. Comme le dit Alain Badiou, « Mourir, pour un événement historique, c’est quand l’humanité presque toute entière vous oublie », alors il est question par ce film de réexaminer ce qui s’est joué à ce moment-là, et réanimer ces événements qui gisent aujourd’hui sous les amoncellement d’archives et de célébrations moribondes.
PAF : 12/10 euros
Tarif étudiant : 8 euros
Réservation souhaitée
reservations@projection-room.com