
Dimanche 26 Novembre
Certains cinéastes se sont dotés d’une pensée pour comprendre leur pratique cinématographique. Cette pensée est toujours un après-coup, c’est-à-dire une pensée qui vient après les découvertes que révèle la fabrication d’un film. C’est pourquoi plutôt que d’appeler cette dimension du travail, théorie, qui désignerait alors un avant-coup, nous proposons de la nommer intellectualité du cinéaste.
Les cinéastes font donc des films et ensuite tentent de comprendre ce qu’ils ont fait, ils font en partie cela pour pouvoir continuer à en faire, pour se donner du courage. C’est ainsi qu’au fil des films, ils se dotent d’une méthode qui leur est propre, cherchent à s’approprier le dispositif singulier qu’invente leur art et tentent de comprendre dans quelle lignée leurs films s’inscrivent, dans quelle fidélité s’agit-il de persévérer.
Sol Suffern-Quirno et Rudolf di Stefano explorent par leurs films ces trois dimensions de la pratique cinématographique méthode / public / fidélité et se proposent de partager leurs interrogations avec ceux qui le souhaitent, dans le but surtout d’en faire des questions partagées. L’idée est qu’à la suite de ce travail, qui se voudra le plus collectif possible, puisse s’inaugurer pour la saison 2023/2024 à la Projection Room, une possibilité commune de faire des films et d’organiser des séances, en somme de créer un laboratoire de recherche cinématographique de type nouveau.
“Annoncer Saint Paul”, 2003 / 12’
Reprendre le scénario du Saint Paul de Pasolini et voir si on peut, voir comment.
Voir si on est le peuple dont il parle, pour lequel il parle. Le peuple qui n’a pas été élu. Celui pour lequel il n’y a pas d’élection(s).
“ Scénario d’un film à venir”, 2015 / 15’
Faire un scénario en voyant, préparer un film en faisant un autre film, comme Tirésias l’homme double : aveugle et visionnaire à la fois.
“Le blues d’Ulysse”, 2013 / 15’
Ulysse, abandonné sur une île, souffre de cruels tourments et pleure sur un promontoire, parce qu’il veut retrouver son pays et les siens. Dans une salle de cinéma, une femme attend, fait sonner sa voix et parle de créer un lieu où il soit possible d’être sur le qui-vive.
“Bonus pour un public de cinéma I : Nos yeux se sont ouverts” 2019 / 12′
Depuis Chauvet et Lascaux des hommes et des femmes se réunissent collectivement pour écouter des sons et regarder des images loin de la lumière du jour. Il est possible que les salles obscures des cinémas poursuivent ce geste primitif.
“Bonus pour un public de cinéma II” : 2019 / 15’
“Lettre à Jacky Evrard”, 2021, 15’
Faire comme si le regard proposé au cinéma n’avait pas pour horizon une individualisation mais une mise en commun de ce que le cinéma a mis en commun.
“Annoncer le cinématographe”, 2014 / 16’
Un film fait avec des mots, des mots de cinéastes : Bresson, Godard, Straub, Huillet. Mots rapprochés comme on rapproche des images avec des sons. Projection de mots, de bouts d’images, de bouts de sons, sur les écrans blancs des cinémas.
PAF : 12/10 euros
Tarif étudiant : 8 euros
Réservation souhaitée
reservations@projection-room.com