Isabelle Wuilmart

« Barytophonie » est un film dont l’idée est initiée par Grégoire Tirtiaux, saxophoniste improvisateur et
compositeur. Celui-ci souhaite mettre en corrélation les sons, ambiance et acoustique de différents
lieux choisis, avec des improvisations au saxophone baryton. Ces lieux sont choisis pour leur qualité
de résonnance spécifique, pour les sons qui s’y produisent et pour leur sonorité particulière autant
que pour leur caractère visuel original. La question que pose le film est à la fois d’ordre musical, le
saxophoniste s’offrant l’opportunité de créer de la musique avec des sons du quotidien qui ne sont
pas forcément considérés comme musicaux., et d’ordre contextuel, pour de la musique dans des
endroits qui ne s’y prêtent pas spécialement peut conduire à des surprises, aussi bien sonores
qu’attenant à l’image, au contexte social, à la lumière et à la poésie de l’instant. Ce film traite de la
place de la musique dans la société contemporaine, et ce surtout dans cette part de la société qui est
toujours en activité, et dans laquelle le travail, la rentabilité et la consommation sont maîtres
d’œuvres. La musique est trop souvent reléguée au rang d’ambiance sonore ou de divertissement,
alors qu’elle est un langage dont le sens dépasse les simples mots. Elle exprime et véhicule avec
profondeur des émotions, mais aussi des idées qu’elles soient politiques, sociales, humoristiques,
spirituelles ou autres. Sortir des espaces scéniques et des actions culturelles en utilisant un idiome
dépassant les conventions musicales provoque des réactions qui composent scène après scène le
film.
L’improvisation au centre du projet. Grégoire Tirtiaux est une figure reconnue dans le monde du jazz
et de la musique improvisée et le film est un acte musical. Il se vivrait par conséquent comme un
pièce de musique dont les mouvements composeraient les scènes. D’où le titre « Barytophonie » : une
symphonie improvisée pour saxophone baryton et ambiances sonores en dix mouvements et une
vingtaine de minutes. Le soliste est le saxophoniste baryton et le décor sonore posé par les lieux
choisis est l’orchestre. Au fil des improvisations, des rencontres inattendues pourraient survenir
faisant apparaître des personnages surprise (par exemple : un marchand de glace, un passant, un
policier, …) qui trouveraient leur place dans le film et auxquels on poserait sans un mot cette question
:  » Quelle place peut occuper la création musicale dans la vie de tous les jours ? » Presque toutes les
scènes ont été filmées dans l’espace public. Ces endroits sont pour la plupart déjà repérés (cf.
déroulement). Les seuls personnages du film sont le saxophoniste et le saxophone baryton. Les autres
personnages sont des recrutés involontaires. Tl y a très peu de dialogues dans le film, la majeure
partie du film portant sur l’échange entre le saxophoniste, le saxophone baryton et leur
environnement. Comment la musique live est-elle acceptée hors de son caractère mélodique et en
dehors des salles de concert est aussi un des thèmes du film. D’autres thèmes pourraient apparaître
en cours de tournage suite aux rencontres que la démarche provoquera. A l’instar de la partie
musicale, le film est partiellement improvisé. Il est un mélange de fiction et de réalité puisqu’il se
passe dans le quotidien mais contient néanmoins quelques mises en scène. La frontière qui existe
entre la réalité et la mise en scène nous intéresse car elle nous rappelle la frontière entre une œuvre
musicale improvisée et une composition écrite. C’est à cet endroit, entre l’improvisation et la
composition, que se précise la création musicale, et c’est logiquement là que se manifeste la magie
en image, l’histoire s’écrivant d’elle-même sur la pellicule.

Film tourné en super8/video

12 min
« Tout peut survenir !
Les anciens nous apprennent à ne pas avoir peur
Ni des pierres qui tombent
Ni des bêtes qui piquent.
La grotte, arc-en-ciel de roche, est la coque du bateau échoué.
Elle est l’oreille géante du vaisseau mer
Qui écoute le voyageur immobile
Elle est la gigantesque bouche qui souffle à l’oreille
La grotte : « Pourquoi me peints tu ? »
Une personne : » Je peins pour le passant »
Passent les baleines au loin, passent les saisons
Vivre dans la grotte véhicule terre
Les voyageurs immobiles suivent les étoiles
Qui marquent l’heure de la nuit
Ils s’éveilleront sans nom. »
…Extrait de texte « Evite l’humain » du peintre Charley case, récité dans le film par Edda-ChaÏli
Otterbein, petite enfant sauvage

Le film est inspiré de la peinture sauvage dans la vie sauvage, bien à l’abri de la société folle
d’aujourd’hui, un retour dans la préhistoire …mais après l’histoire.
Un film magnifiquement musicalisé par le flûtiste Quentin Manfroy, musique extraite de son album
« Flûte solo » enregistré dans des grottes de glaces Islandaises.


FILM tourné en super8/video